David Émond-Ferrat : l’interview du réalisateur du deuxième Macro Kino

Il a pris les rênes de la réalisation, et pour sauter dans l’aventure, il a choisi de comme partenaire Émile Beaudry, qui signe le scénario de leur collaboration. Rencontre avec la première moitié de ce duo de kinoïtes, le réalisateur du deuxième Macro Kino, David Émond-Ferrat

— UNE PRÉSENTATION DANS LES RÈGLES —

Kino Kabaret de Montréal 2013 Crédit : Albert Zablit

Kino Kabaret de Montréal 2013 Crédit : Albert Zablit

Q: C’est quoi ton nom et ton âge (sans indiscrétion) ?
Salut, je m’appelle David Émond-Ferrat et j’ai 28 ans.

— PARCOURS DE KINOÏTE : LA RENCONTRE, MOTEUR DE L’IMPLICATION —

Q: Comment as-tu connu Kino ?
J’ai connu Kino en 2003-2004 quand j’étudiais à Saint-Hyacinthe. Il y avait une cellule là-bas créée, je crois, par Yannick Nolin. J’ai assisté à quelques représentations mais je n’ai jamais eu l’opportunité d’en présenter et ça s’est arrêté là. Après ça, j’ai connnu Kino Rive-Sud (parce que je viens de Saint-Bruno). Mais j’ai vraiment connu Kino en 2008 alors que Patrick Aubert m’a mis sur la route d’Olivier Gilbert et Jean-François Robichaud qui cherchaient tous les deux un chef-machino pour leur Atelier K. J’ai été enchanté par le groupe. Olivier étant Directeur Artistique à ce moment-là, il m’a expliqué bien des choses sur le mouvement lors d’un déjeuner post-drop-off d’équipement. Peu de temps après, Olivier Gilbert a été mon assistant-réalisateur sur Le nombril du monde (…) en 2009. Après ça, je suis revenu de temps en temps aux projections sans m’inscrire. J’ai réalisé des films de mon côté, mais ils étaient trop longs pour être présentés à une soirée.

Photobooth Kino Kabaret de Montréal 2013 Crédit : Kino00

Photobooth Kino Kabaret de Montréal 2013 Crédit : Kino00

Q: Parles-nous ta première fois à Kino.
C’est en 2010 lors du kabaret de l’INIS que j’ai eu la piqûre. Je faisais alors la direction photo sur le film Sarah Cloutier : Scripte de Patrick Aubert, – un des premiers films dont j’ai fait la direction photo d’ailleurs – et quand je me suis retrouvé dans le kinolab où j’y ai rencontré des crinqués comme Simon Beaupré, Philippe Toupin et Charlotte Beaudoin-Pelletier, je me suis dit alors que je devais absolument entrer dans ce mouvement. François Jacob, qui était alors un directeur artistique voulant partager son amour pour le mouvement en initiant de nouveaux membres, m’a chaleureusement proposé de m’inscrire au kabaret de Montréal. Ce que j’ai fait.

Q: Qu’est ce qui te plait dans Kino ?
La passion que tu y retrouves. La liberté des gens à créer sans barrière. Une bande d’amis avec qui tu ris, tu échanges. Tu as la sincérité des autres dans les bons coups comme dans les moins bons. Tu as le support de gens qui trippent autant que toi. Pour moi Kino, c’est le plaisir de juste faire un film pour faire un film, s’amuser, se défouler, expérimenter, rigoler, sans stress. C’est sûr que quand tout le monde s’amuse sur la production d’un court-métrage, ça se sent à l’écoute du produit final. Mon but c’est d’ailleurs de garder cette euphorie kinoïdienne sur le chemin professionnel.

Le duo du second Macro Kino  Crédit : A.Paulin/Kino00

Le duo du second Macro Kino Crédit : A.Paulin/Kino00

Q: Et comment en êtes-vous venu à travailler en duo avec Émile ?
Vous voulez la courte ou la longue? Let’s go, on va résumer la longue… Émile et moi on s’est rencontrés par Kino. La première fois qu’on s’est vu la bette c’est sur mon tournage de Kabaret des RVCQ, lors de mon hommage à Les Boys. Il faisait un petit rôle mais j’avais déjà bien aimé ce gars-là. Après ça, j’ai voulu travailler avec lui à plusieurs reprises, mais on n’y est jamais parvenu. Il a failli jouer le rôle d’Alex dans Tu peux pas dire à une poule de pondre des œufs carrés (oct.2012), mais à cause d’un conflit d’horaire, c’est le tout aussi talentueux Joseph Martin qui l’a eu. Finalement, l’an dernier on a enfin pu travailler ensemble sur VHS-C, un hommage à VHS 2 pour le festival Fantasia et c’est là qu’on s’est véritablement rencontrés. Pendant la dernière année, on s’est mieux connus et les deux on a compris qu’on aimait évoluer autour du même type d’univers. Émile avait envie d’écrire, et que ses scénarios soient réalisés. Moi j’avais le goût d’essayer ça, la réalisation d’un scénario qui n’est pas le mien. On avait aussi envie de se motiver à créer quelque chose et on s’est dit qu’on le ferait ensemble. Que ça allait pouvoir fonctionner, à user chacun de nos connaissances et de notre expérience pour atteindre de quoi de satisfaisant pour les deux. Pis deux pieds, c’est plus efficace pour se botter le cul à faire les choses.

Tournage au Kino Kabaret de Montréal 2013 Crédit : Albert Zablit

Tournage au Kino Kabaret de Montréal 2013 Crédit : Albert Zablit

Q: Il paraîtrait que ce n’est pas toujours facile de rentrer dans la gang. Visiblement tu as réussi puisque tu viens de réaliser ton premier Macro Kino. Comment as-tu fait ? Quels conseils donnerais-tu aux nouveaux kinoïtes ?
Je crois que comme n’importe où ailleurs, faire parti d’une “gang” ça fait son chemin sans qu’on s’en rende compte. J’ai toujours senti que la gang était ouverte. Évidemment quand je suis venu pour les premiers kinoëls, je ne comprenais rien des jokes et des insides mais il faut juste venir souvent aux soirées, faire partie des kabarets pour comprendre les références. C’est la même chose pour la reconnaissance de l’équipe Kino, je pense simplement que c’est en participant qu’on existe.

Q: Et justement concernant Macro Kino, qu’est-ce que tu espères retirer de ton expérience ?
Comme à chaque fois que je fais un film, j’espère en retirer une compétence de plus sur mon travail de réalisateur. D’apprendre de mes erreurs grâce aux commentaires constructifs de mes pairs. Comme j’avais un voyage planifié deux semaines avant la remise du film, j’ai dû aussi apprendre à déléguer beaucoup de mon travail de post-production à des gens talentueux, notamment le montage (Juliette Guérin), la correction couleur (Jean-François Robichaud) et les effets spéciaux (Simon Beaupré). Apprendre à déléguer pour mieux canaliser ce que je veux ne peut qu’être enrichissant. C’était aussi la première fois que je mettais en scène une histoire qui n’était pas la mienne, alors j’espère que mon travail de réalisation a été à la hauteur des attentes d’Émile. Il était important pour moi

Tournage du Macro Kino Crédit : Marion Ecolivet

Tournage du Macro Kino Crédit : Marion Ecolivet

que l’avis d’Émile demeure dans tout le processus et ce jusqu’à la toute fin. Le film est de nous deux, nous en sommes – avec Kino- les producteurs. Il était donc important pour moi que nous en soyons également content. J’ai donc appris à raconter le film le mieux possible avec mes images, mais aussi d’apprendre à personnaliser l’histoire tout en discutant avec le scénariste pour trouver les modifications nécessaires pour toujours bien raconter son histoire (21 pages) dans des délais de tournage restreints (3 jours). On y est arrivé! L’expérience humaine de réunir une équipe fidèle et top-notch et de les voir joindre leurs passions pour faire mon court-métrage est toujours un moment que j’adore dans la réalisation d’un film et j’espère réitérer ma collaboration avec chacun de ces nouveaux collègues de travail.

— PARCOURS DE CINÉASTE : DES JEUX D’ENFANT AUX FILMS —

Tournage au Kino Kabaret de Montréal 2013  Crédit : Albert Zablit

Tournage au Kino Kabaret de Montréal 2013 Crédit : Albert Zablit

Q: Quand et comment le cinéma est-il entré dans ta vie ?
En fait ce qu’il faut savoir c’est qu’avant que je comprenne que le cinéma existait et que je pouvais en faire un métier, je voulais être en cinéma. Si on transfère le sentiment que j’avais quand je jouais avec mes bonhommes et que je créais des mondes avec des coussins et des blocs et que je laissais tout en plan pour aller à l’école – où j’écoutais pas tant parce que j’étais déjà en train de me demander comment allait se terminer mon jeu – et qu’on le compare à quand je fais des films aujourd’hui et que le processus occupe tout mon esprit, il n’y a pas tant de différence. Tout est dans le fait que j’ai envie de raconter des histoires, de peaufiner des personnages réalistes et j’ai envie de trouver des nouveaux moyens ludiques de faire un film… avec des coussins pis des blocs…

Q: Quelles études as-tu suivies ?
J’ai fait mes études à Concordia en Film Production et j’ai commencé un certificat en scénarisation à l’UQAM. Je dois dire que pour moi les études à l’université ont été une bonne introduction, mais que j’ai principalement commencé à apprendre sur le terrain en faisant des films, soit APRÈS mes études.

Q: Qu’est ce que tu fais professionnellement dans la vie ?
Je gagne ma vie comme réalisateur qui fait tout. De la scénarisation à la direction photo en passant par le motion design, le montage et même il m’arrive de faire du graphisme web.

Tournage du macro Kino Crédit : A.Paulin/Kino00

Tournage du macro Kino Crédit : A.Paulin/Kino00

Q: Quand et comment en es-tu venu à réaliser des films ?
Quand j’ai appris que le cinéma existait et que je pouvais faire ça de ma vie. Je devais avoir 12 ans et à l’époque c’était ma mère la directrice photo – et by the way, ma mère est une

excellente cadreuse. On avait utilisé une vieille caméra à cassette VHS-C (que j’ai ré-utilisé pour mon film éponyme en hommage au film VHS 2) . J’avais décidé de faire un film de pirate: L’île aux monstres, mon premier film comme réalisateur et comme acteur. À voir un jour à Kino… not.

Q: Quels sont tes projets pour l’avenir ?
En plus de retravailler avec Émile sur un autre court-métrage dont je signerai également la scénarisation cette fois-ci, je suis en collaboration à l’écriture avec mon père sur plusieurs projets de longue haleine. Je vais sans doute faire de la direction photo sur plusieurs autres courts-métrages, ce qui me permet de toujours garder contact avec un plateau detournage et les gens qui s’y trouvent. Ma copine réalise aussi. Je risque très probablement – et j’ai très hâte – de collaborer avec elle sous peu.


Et pour découvrir Moi, myself et Schrödinger, le second Macro Kino écrit par Émile Beaudry et réalisé par David Émond-Ferrat, rendez-vous le vendredi 8 août 2014 à L’Astral.

Retrouvez l’univers de David Émond-Ferrat sur son site Internet www.davidemondferrat.com.


— FILMOGRAPHIE —

The Touch Of Evil2013
Supercorpo (2 minutes)- Productions Davulia
Si j’avais le pouvoir (2 minutes)- Productions Davulia
The touch of evil (6 minutes)- Productions Davulia
Du crépuscule à l’aube (5 minutes)- Réalisé à Trouvilles-sur-mer- Productions Davulia
VHS-C (6 minutes)- Productions Davulia
Nonente (3 minutes)- Productions Davulia
Tous ensemble ou rien du tout (6 minutes)- Réalisé à Bruxelles – Productions Davulia
Scorie (2 minutes)- Productions Davulia
Donne-moi la main que je te tape avec (2 minutes)- Productions Davulia

2012
Le perpétuel début de la fin (3 minutes)- Productions Davulia
3 (3 minutes) – Productions Davulia
Apperissage (6 minutes)- Productions Davulia
Je pense donc je suis ou de quoi de même (2 minutes)- Productions Davulia
Tu peux pas dire à une poule de pondre des œufs carrés (6 minutes)- Productions Davulia et Kino
1er octobre- 10h40 (3 minutes)- Réalisé à Bordeaux- Productions Davulia et Kino
Les mains dans les poches (9 minutes) – Réalisé à Bruxelles- Productions Davulia et Kino
Une pensée pour Robert (2 minutes) – Productions Davulia
Parallel S. Talk (4 minutes) – Productions Davulia
Les A (3 minutes) – Productions Davulia, présenté lors des Rendez-vous du Cinéma Québécois
C’est un peu la fin du cinéma (…) (3 minutes) – Productions Davulia

Nonente2011

Là où on avait laissé (5 minutes) – Productions Davulia
Avant (6 minutes) – Productions Davulia
Le pourquoi du comment : un film pour les générations futures (3 minutes)– Productions Davulia
L’instant présent (5 minutes) – Réalisé à Bruxelles – Productions Davulia et Kino
L’once d’un espoir (3 minutes) – Productions Davulia
The Adventures of Pat Galinger (3 minutes) – Productions Davulia
The Man Who Was Hated Too Much (6 minutes) – Réalisé à New-York – Productions Davulia
L’univers n’aime pas les trous (10 minutes) – Productions Davulia

2010
Ce n’est que ce qui a été (13 minutes) – Kino Kabaret et Davulia
La phrase est toute simple (20 minutes) (présenté au Cinéma Beaubien) -Davulia
Comme l’amour a son coup de foudre (20 minutes) (présenté au Cinéma Beaubien) – Davulia


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